Ce site très intéressant que j'ai déjà visité plusieurs fois, je l'ai découvert lors de vacances avec ma maman du côté d'Ambleteuse. Et j'y retourne à chaque fois que je reviens dans la région.

Le Blockhaus d'Eperlecques devait à la base être à la fois une usine de production et une base de lancement de V2

Historique

C'est le 22 décembre 1942, que le Général Dornberger fut convoqué avec le Ministre Speer à une réunion au Ministère de l'Armement à Berlin, pour y recevoir l'ordre d'Hitler de construire dans le nord de la France un Blockhaus pour l’assemblage et le lancement de fusées V2 pour l'attaque de l'Angleterre.

Une longue discussion avait eu lieu entre les partisans du lancement des fusées à partir de blockhaus fortement protégés ou au contraire, à partir d'unités de tirs, légères et mobiles, faciles à dissimuler dans des forêts.

Le Blockhaus, fortement protégé, fut choisi car le réglage de la fusée avant son départ demandait de nombreux contrôles assez délicats, plus faciles à exécuter à l’abri plutôt que dans la nature. Les Allemands décident donc de construire une base de fusées V2 dans le nord de la France à Eperlecques. Les travaux débutent en mars 1943. Il fut construit par des travailleurs forcés issus des camps de concentration ou de travail ainsi que par des Français enrôlés de force.

Ma visite

À l'entrée on découvre d'abord 12 panneaux qui expliquent la construction du blockhaus, la déportation de travailleurs, et décrivent les caractéristiques des V1 et V2.

On peut aussi voir deux baraquements reconstitués avec du bois d'époque. On ne peut malheureusement pas y entrer pour les visiter, mais on apprend que 80 prisonniers vivaient serrés dans chaque baraque. Ils travaillaient 12h par jour et ne recevaient comme nourriture qu'une soupe imbuvable et des restes de pain.

Un peu plus loin on peut visiter deux wagons a bestiaux qui servaient à déporter et déplacer les ouvriers.

A l'intérieur de ceux-ci un bouton permet de déclencher une expérience sonore immersive qui nous remet dans les terribles conditions de transport que subissaient ces prisonniers, serrés, debout, à 40 par wagon pendant parfois plusieurs jours.

Le parcours continue par une ballade en forêt où il y a 4 écran à activer qui donnent différentes informations.

On fait le tour du blockhaus. Dès qu'on arrive devant le bâtiment, on est impressionné par sa taille ! C'est l'occasion d'observer les couches de fabrication du blockhaus, monté selon la méthode de la "tortue" qui permet de continuer les travaux à l'intérieur, à l'abri des bombardements.

On peut aussi voir une petite locomotive avec des chariots et une grue qui servait à transporter les matériaux

On croise des bombes d'époque, une grue, des camions, la reproduction réduite d'un sous-marin, ...

La visite se poursuit par l'entrée dans le blockhaus. J'ai été très impressionné par la porte : Epaisse de 2 mètres, elle mesure aussi plus de 5 mètres de haut et son poids est de 216 tonnes ! Cette porte fonctionne toujours.

A l'intérieur du bunker se trouvent plusieurs salles. La première présente un faux V2 coupé en 2, posé contre un mur et un petit film explique comment étaient sortis les V2 pour être mis sur leur base de lancement. Le V2 est la première fusée, et la première bombe non détectable. Evoluant à 4 fois la vitesse du son, 5472 km/h au maximum. Elle pouvait atteindre une ville située à 350 km de son point de lancement.

On entre ensuite dans une autre salle présentant un camion et une ancienne citerne à hydrogène liquide et dans laquelle on trouve également quelques films et des images. On peut voir aussi une des fameuses bombes Tallboy qui fut larguées par les alliés pour détruire le blockhaus

La visite continue en ressortant du blockhaus. On peut voir une réplique de V2 exposée.

Juste à côté on peut voir une authentique rampe de lancement, avec un V1 d'époque.

Une tour permet de monter pour observer le V1 et le V2 en hauteur

on peut aussi admirer 2 canon : un allemand et un allié

En conclusion : J'ai trouvé cette visite impressionnant et très instructive. Par contre, je trouve que ça manque un petit peu d'interactivité. Mais il y aurait un projet d'extension du musée et peut-être qu'à cette occasion il y aura une modernisation de la scénographie. A suivre donc...

Conception

Le blockhaus était composé de trois principales parties. Le plan du site fut conçu en janvier et février 1943 par des ingénieurs du centre de recherche de Peenemünde et de l'organisation Todt.
Il fut envisagé que la structure serait achevée à la fin du mois de juillet et que le site serait entièrement opérationnel le 1er novembre 1943.

La partie sud était une immense structure d'environ 90 m de large sur 28 m de haut devant abriter l'usine de production d'oxygène liquide. Ses murs avaient 7 m d'épaisseur et les installations s'étendaient 6 m sous la surface du sol.

La partie centrale du complexe était conçue pour stocker jusqu'à 108 missiles et suffisamment de carburant pour organiser trois jours de lancement. Les Allemands envisageaient de tirer jusqu'à 36 fusées par jour.

Le côté nord de la structure devait s'étendre au-dessus d'une gare reliée à la ligne Calais-Saint-Omer par un embranchement de 1,2 km depuis Watten. Les missiles, les ogives et les autres équipements seraient acheminés jusque dans la gare et transportés sur des chariots jusqu'au cœur du bunker.

Bombardements

Le 16 mai 1943, suite aux renseignements fournis par la résistance, notamment par le réseau Zéro France, un avion de reconnaissance de la RAF (Royal Air Force) prend des clichés aériens.

A Londres, le docteur Jones, conseiller scientifique de la RAF, établit un lien entre Peenemünde, centre de recherches sur les armes V et le chantier d'Eperlecques.

Le 29 juin 1943, le comité de défense du cabinet de guerre anglais décide l'attaque de Peenemünde et d'Eperlecques Entre août 1943 et août 1944, le Blockhaus d'Eperlecques sera bombardé 25 fois.

Le 27 aout 1943, premier bombardement du Blockhaus d'Eperlecques par 185 forteresses volantes de la 8ème USAA qui ont largué 366 bombes en 55 secondes La gare fortifiée au nord du blockhaus fut particulièrement endommagée car le béton venait juste d'être coulé. Après quelques jours, la structure était irrécupérable. Le blockhaus ne fut jamais achevé.

Tout ce que les allemands pouvaient faire était de poser un toit (Une dalle de béton de 5 m d'épaisseur et de 37 000 tonnes) et l'utiliser pour un autre rôle. Une partie du bâtiment fut ainsi transformée en usine de production d'oxygène liquide.

L'épaisseur de la dalle fut calculée à partir de l'hypothèse qu'aucune bombe alliée n'était capable de pénétrer une telle épaisseur, mais les Allemands ignoraient l'existence des bombes sismiques (Tallboy) mises au point par les Britanniques...

En juin 1944, 32 bombes sismiques appelées "Tallboy" seront larguées, une tombera sur la face nord ce qui en détruisit l'intérieur mais la bombe ne fit pratiquement pas de dégâts au bâtiment en lui-même, une autre à 27 m de la face sud.

La particularité de cette bombe est de pénétrer le sol avant d'exploser. : le concept était d'éviter que l'énergie destructrice soit absorbée par l'air mais qu'elle soit transmise par le sol et provoque un mini-tremblement de terre local.

La Tallboy pèse 5 tonnes et est lancée depuis les bombardiers Avro Lancaster. Elle fait la preuve de son efficacité contre les structures lourdes comme les blockhaus, là où toutes les bombes plus petites ont échoué

Pour en savoir plus :

Le site d'un jeune passionné d'histoire militaire